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“Des cultures méditerranéennes adaptées à mes structures vétustes”

Précurseur dans la production d'anémones hors-sol, Michel Gueirard, horticulteur varois, s'est affranchi des problèmes de fatigue des sols et de structures vétustes. Il a atteint sa « vitesse de croisière »...

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Dans le Var, coût de l'énergie oblige, les surfaces de production horticole chauffée tendent à diminuer au profit des cultures traditionnelles méditerranéennes (anémone, renoncule, muflier, célosie...). Michel Gueirard, producteur à La Crau, a ainsi recommencé dès 2002 la culture d'arum et d'anémone après des années de culture de rose. Il est passé de 120 000 l de fioul par an pour chauffer ses 6 000 m2 de serres en plastique double paroi gonflable, à une consommation de 4 000 l par an pour un chauffage antigel. Confronté au problème de fatigue des sols, il a également décidé de tester ces deux cultures en hors-sol.

« J'ai cultivé de l'arum et de l'anémone à mon installation en 1976. Je suis passé à l'oeillet, puis à la rose, d'abord en pleine terre et ensuite en hors-sol. En 2000, je me suis interrogé sur le devenir de l'exploitation : d'un point de vue économique (Quelles cultures mettre en place ?), technique (Quel moyen de chauffage ? Quel éclairage ?). Je pouvais soit investir énormément pour modifier de fond en comble ma structure, tout en manquant de visibilité sur la rentabilité d'un tel investissement, soit me tourner vers des espèces plus régionales, adaptées au climat méditerranéen, peu exigeantes en énergie et correspondant à des marchés de niche. C'est cette dernière solution que j'ai choisie. En 1976, les arums et les anémones se vendaient mal. Aujourd'hui, ces plantes ont leur place. Ce sont des cultures peu gourmandes en chauffage, adaptées à des structures vétustes. Et la concurrence reste limitée. » L'horticulteur réalise ses premiers essais en hors-sol sur 700 m2 pour chaque culture : ce procédé lui permet de renouveler et de replanter plus facilement tous les ans, et résout le problème de la bactérie Erwinia carotovora qui menace l'arum.

À partir de 2004, Michel Gueirard augmente ses surfaces hors-sol et passe à 0,5 ha d'arum. Il récupère les équipements de la culture de rose, densifie la plantation (2 à 4 rhizomes par pot de 30 l) et renouvelle la perlite (60 euros/m3). Il laisse l'anémone, qui ne rencontre pas encore de problème phytosanitaire, en pleine terre jusqu'en 2008. Mais la fatigue des sols commence finalement à s'exprimer et, avec elle, la nécessité de désinfecter chimiquement. Le producteur se décide alors à passer aussi en hors-sol pour cette culture. Deux obstacles s'interposent : les pots adaptés pour les arums ne permettent pas une optimisation suffi sante de la surface de serre pour les anémones ; et leur positionnement au ras du sol rend difficile la récolte. Michel Gueirard met donc en place un nouvel équipement. Il utilise des bacs de 15 cm de large qu'il dispose en deux lignes par rangée, écartées de 25 cm. Outre une meilleure aération, cette installation lui permet d'augmenter le nombre de rangées et de passer de 12,5 à 17,5 rhizomes/m2. Par ailleurs, il surélève les bacs à 75 cm du sol pour permettre la cueillette à hauteur d'homme. Cette opération se trouve facilitée : « On gagne 30 % de temps de travail. » Coût de l'investissement : 15 euros/m2 hors main-d'oeuvre (surélévation, 250 m3 de perlite pour 5 000 m2 ...), dont 38 % d'aides.

Le producteur varois n'a pas fi ni d'expérimenter. Il teste ainsi l'isolation thermique de son tunnel avec du fi lm de forçage. Résultat : il a déjà observé une perte de lumière (- 15 %), mais un gain en qualité et en précocité...

Valérie Vidril

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